Les techniques


Le grès
J'utilise, pour réaliser mes pièces, du grès de St Amand en Puisaye (Nièvre).
Cette argile naturelle cuit à 1280°. A cette température, elle se « vitrifie », il n'y a plus d'espace entre les molécules de terre : le grès devient très dense, étanche et donc très robuste.
C'est une des raisons pour lesquelles j'utilise cette argile de « haute température », sa résistance aux chocs !!! 



Le tournage
Le tournage est un apprentissage très technique, long…et magique.
Il permet de réaliser, une fois maitrisé, des pièces régulières, rondes !!! de façon plus ou moins rapide selon la taille de l'objet et le poids de terre nécessaire à sa réalisation.
J'utilise un tour électrique, un Brent B.
Peu d'outils sont nécessaires pour le tournage : estèques, fil à couper, éponge et eau.
La première étape est le malaxage pour mettre les plaquettes qui forment l'argile en bonne position de glisse. Je pratique la technique japonaise, le coquillage. D'autres font la « tête de bélier ».
Cela permet également de vérifier la bonne humidité et plasticité de l'argile: une argile molle conviendra bien aux formes ouvertes à fond arrondi (saladier, bol..), une argile plus « dure »sera plus adaptée pour les formes hautes cylindriques(vases, boites...) C'est d'ailleurs une erreur des débutants qui s'attribuent des incompétences alors qu'ils utilisent une terre pas adaptée à ce qu'ils veulent réaliser.
La première étape du tournage est le centrage. Puis, on étire, affine, met en forme. La pièce terminée, on la décolle de la girelle avec un fil, puis on la pose sur une planche en bois.    



Le tournassage
Après une journée ou plus selon la température ambiante, on retourne la pièce sur la planche et on attend à nouveau que le fond du pot arrive lui aussi à une consistance que l'on appelle « dureté de cuir » : on peut manipuler la pièce sans la déformer.
C'est le moment de la finition.
On recentre le pot à l'envers sur le tour. A l'aide d'outils nommés « tournassins » ou mirettes, (manche en bois avec, à ses extrémités des « lames » métalliques), on enlève la matière en trop, notamment pour tailler le pied. On donne à la pièce sa forme définitive.
A cette phase, on peut rajouter une anse, un bouton sur un bouchon…



Le modelage
 Le modelage est l'ensemble de plusieurs techniques qui permettent de réaliser toutes les formes : plaque, colombin, « sculpture »… La barbotine, de l'argile en pourdre mélangée à de l'eau, sert de colle entre les parties à assembler, préalablement striées. L'ébauchoir, en buis, va servir à écraser la terre, la lisser.
Il m'arrive de travailler « à la plaque ». La crouteuse permet d'obtenir des plaques d'argile d'épaisseur régulière en compressant la terre entre deux rouleaux, moins fatigant et plus rapide que la rouleau à pâtisserie !!!!   Ensuite j'assemble ces plaques entre elles, ou à une pièce tournée, comme mes vases à la plaque.
J'utilise le colombin pour faire des pieds à des coupes …et la « sculpture » pour agrémenter mes cache-pots d'animaux par exemple.



Le séchage     
La pièce va sécher entre 3 jours en plein été et 2 semaines en plein hiver où l'hygrométrie est déjà élevée. Le grès, très noir cru, devient gris une fois bien sec.



La cuisson du dégourdi         
J'utilise un four électrique. Les pièces sont cuites à 1000° , la cuisson prend 10 heures.
Il est en effet nécessaire de monter très lentement en température : l'argile doit perdre son « eau chimique », l'eau contenu dans la molécule ( l'eau entre les molécules s'étant évaporée au séchage), ensuite la terre doit dégazer…. Beaucoup de phénomènes chimiques vont se produire pendant la cuisson et le respect de tous ces paliers est la garantie d'une bonne résistance de la terre pour la deuxième cuisson.
Le grès, noir cru, gris sec, devient d'une couleur saumon après cette cuisson.



La composition de l'émail
L'émail est cette couche de « verre » qui recouvre le pot. Il a une fonction pratique, facilité de nettoyage, douceur au toucher… mais surtout esthétique, offrant une variété quasi infinie d'aspects différents.
L'émail est composé de trois groupes de minéraux :
- les acides : introduits par la silice essentiellement. Elle fond à 1710°, elle donne la base de verre
- les amphotères ou neutres : alumine et bore. L'alumine, introduit par le kaolin essentiellement, va assurer l'adhérence de l'émail au tesson. Bien sûr, cela semble tellement évident qu'on ne se pose même pas cette question avant de retrouver son nouvel émail sur la plaque d'enfournement et plus grand chose sur le pot !!!
- les fondants ou basiques : Ce sont eux qui vont permettre d'abaisser le point de fusion de la silice pour que l'ensemble fonde à la même température que la température de cuisson de l'argile. Selon la combinaison de fondants utilisés, chaux, dolomie, talc.....l'émail sera, brillant-mat-satiné, opaque-transparent...

Les oxydes métalliques vont apporter la couleur. J'utilise essentiellement l'oxyde de fer et de cuivre. Un oxyde n'a pas une couleur définie. Par exemple, l'oxyde de fer donnera un émail rouge, brun ou noir selon la composition de l'émail.
Une fois le mélange pesé, on rajoute une certaine quantité d'eau et on mesure la densité du mélange grâce à un densimètre. Un émail plus ou moins épais donnera en effet un résultat différent, surtout lors des superpositions.
Je compose mes émaux grâce aux formules moléculaires de chaque matière première. Je cuis en atmosphère oxydante, dans un four électrique. Une fois un émail au point, après quelques semaines d'essais, je le superpose avec tous les émaux que j'ai déjà et cet empirisme donne à chaque fois au moins une bonne surprise..


La pose de l'émail      
Mes émaux sont contenus dans des seaux. J'émaille à la louche: je verse l'émail dans l'intérieur du pot grace à une louche de fer émaillé. J'attends quelques secondes pour rajouter les autres émaux lors des superpositions. Je remets ensuite mes pièces à sécher une journée pour émailler les extérieurs le lendemain. En effet, l'émail étant liquide, l'eau qu'il contient va être absorbée par le tesson qui ne sera plus capable de réabsorber suffisamment l'eau : l'émail extérieur serait trop fin par rapport aux résultats que je souhaite obtenir. Donc le lendemain, couche extérieure et à nouveau, je remets mes pièces à sécher car les résistances du four électrique s'abiment très vite avec la vapeur d'eau.


L'enfournement / la cuisson et la mise en vente dans la salle d'exposition
L'enfournement demande de la concentration:
•  la température du four étant inégale, il faut bien choisir l'emplacement des pièces selon l'émail. Mes rouge et noir de fer aiment la chaleur, je les place donc en bas du four qui est plus chaud. Mon turquoise de cuivre est dans l'endroit le moins chaud, en haut du four.
•  La manipulation des pièces est délicate car l'émail est maintenant sec, en poudre sur le tesson. Si on cogne la lèvre de la pièce, l'émail saute, il faut à ce moment faire une retouche et nettoyer l'émail tombé sur la plaque. C'est le moment des jurons!!!
•  on essaie toujours de mettre un maximun de pièces dans le four, en jonglant avec les hauteurs différentes, les émaux donc, tout en respectant une circulation d'air entre les pièces pour avoir la température la plus homogène possible.
J'utilise un four « puits », un tonneau de 200 litres , que j'enfourne par le haut. Je place des quilles en fonction de la hauteur des pièces, puis remet une plaque et...plusieurs étages sont ainsi formés.


Cuisson de l'émail
Je cuis cette fois à 1280°, en 8 heures. Contrairement à la cuisson de dégourdi, on peut monter assez vite les 1000° premiers degrés, puis la cuisson est plus lente pour assurer un bon nappage de l'émail.
La cuisson se fait la nuit, une partie en tarif réduit. Je défourne le surlendemain, pour laisser le refroidissement se faire tranquillement. Le grès a pris une nouvelle couleur, il est définitivement beige.
Enfin le défournement, avec ses bonnes et parfois mauvaises surprises!!

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